10 OCTOBRE 2013

"SALINE ROYALE" D'ARC ET SENANS

Le temps pluvieux de cette matinée devait céder la place à une météo plus clémente pour notre arrivée à la Saline Royale de Chaux, plus connue aujourd’hui sous le nom de Saline royale d’Arc et Senans.

La Saline royale, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1982 est l’œuvre la plus accomplie et une des rares qui subsistent, d’un architecte visionnaire - voire utopiste- du siècle des Lumières : Claude Nicolas Ledoux (1736-1806). Cette manufacture, dont les plans furent approuvés par Louis XV, était destinée à la production du sel à partir d’une saumure provenant des gisements de sel gemme de Salins et amenée par deux "saumoducs" enterrés (conduites en bois puis en fonte) longs de 21 km.

Le sel était alors extrait par évaporation dans des grandes poêles chauffées au bois abondant dans la forêt voisine de Chaux, plus grande forêt de France à cette époque, pour être vendu en grains ou moulé en pains selon l’usage.
Le sel -l’or blanc de cette époque- servait pour la conservation des aliments, la fabrication du verre et de l’argenterie, ainsi que dans l’agriculture et la médecine.
Et bien entendu, compte tenu de son importance, l’Etat prélevait sur sa vente un impôt fort impopulaire, la "gabelle".
La Saline Royale, édifiée en 1775, a été conçue à la fois comme une demeure royale et une nouvelle ville dans laquelle vivait et travaillait presque tout le personnel, du directeur au simple ouvrier.

Construite en forme de demi-cercle, elle abritait sur la partie rectiligne (le diamètre), les ateliers d'extraction du sel (ou bernes), le pavillon du directeur avec la chapelle, les écuries, les commis et la gabelle. Sur la partie circulaire, les berniers (magasins à sel), la tonnellerie, la forge, les deux bâtiments d'habitation du personnel, la maréchalerie et le bâtiment des gardes qui veillaient à interdire tout détournement de sel.

Après quelques essais pour faire face à la concurrence des marais salants, la Saline Royale fermera définitivement ses portes en 1895.

Quant à la partie architecturale, majestueuse, de la Saline Royale, elle résume la vision d’une "cité idéale" : le cercle évoque l’harmonie, la symétrie l’ordre, les proportions la hiérarchie, sans compter le souci de placer l’homme dans un milieu pratiquement fermé lui assurant à la fois travail et conditions de vie.

Dès le passage du porche d’entrée en forme de grotte de sel, on est saisi par la grandeur de l’œuvre et la beauté stricte des bâtiments, au point que l’on a du mal à imaginer qu’il s’agissait au départ d’une cité industrielle. Il faut toute la connaissance et la passion d’un guide pour faire revivre l’histoire de ce lieu et compenser l’absence des moyens techniques de l’époque, ce qu’il fit avec beaucoup de talent à voir l’intérêt de nos amis.

Un passage au musée du sel et au musée Ledoux où sont exposées les maquettes de ses œuvres et de ses projets complète admirablement cette visite.  

Malheureusement le temps nous a manqué pour visiter les jardins et surtout Salins les Bains, à quelques kilomètres de là, où était extrait le sel.

Une prochaine fois peut-être !

Guy Vernaz

Le groupe devant la maison du directeur

Photos : du Net, de René Chatel, Guy Huguel, Guy Vernaz